Retour sur les Voiles de Légende du 11 au 15 août 2021


Quel plaisir pour les membres de l’association “A bord d’Angélina” de pouvoir naviguer en baie du Pouliguen pendant les Voiles de Légende.


Si tous les voiliers engagés méritent bien d’être qualifiés de légendaires, bien évidemment, certains le sont plus que d’autres… les Pen Duick, évidemment !
Pen Duick, premier du nom. Sublimement beau et légendaire. Légendaire parce que premier de la lignée des Pen Duick d’Eric Tabarly, légendaire aussi parce qu’on ne peut oublier la nuit du 13 juin 1998, en mer d'Irlande…

Pen Duick est né un siècle plus tôt, en 1898, du crayon de William Fife, génial architecte naval écossais, père des Shamrock I et 3 de Sir Thomas Lipton pour la Coupe de l’América, de Cambria et Sisley, grands racers légendaires eux aussi. Tabarly disait que parmi des grands architectes de cette époque, “Fife a acquis une réputation particulière grâce à l'esthétique et à l'équilibre de ses bateaux. De plus, ceux qui ont pris forme dans son chantier avaient une construction inégalée ».

 

Tabarly n’a que 7 ans quand son père achète ce bateau de course. Pen Duick, mésange à tête noire (oiseau semble-t-il mythique car répertorié dans aucun manuel ornithologique). Quand la seconde guerre mondiale éclate, Pen Duick est mis à l’abri dans une vasière, dans un bras de l’Odet. Puis Tabarly entre dans l’aéronavale. En 1956, Pen Duick finit de pourrir dans sa vasière, il est condamné. Tabarly décide de le ressusciter, pari impossible ? Tabarly, ne cessera d’innover tout au long de sa vie, il le fera une première fois en décidant de plastifier la coque de Pen Duick. Hérésie diront certains ? Coup de génie, qui sauve ce bateau si beau que nous avons, 55 ans plus tard, toujours le plaisir de voir naviguer.


Pen Duick en vidéo


Pen Duick ressuscité mais pas assez rapide, pas assez moderne pour pouvoir se mesurer aux anglais pour la transatlantique de 1964. La première édition en 1960 avait été remportée par Francis Chichester sur Gipsy Moth. Tabarly ébauche les plans du bateau qui seront affinés par Costantini. Il choisit la légèreté avec une construction en contreplaqué à bouchains vifs (comme sur les vauriens, corsaires ou muscadets). Étroit par petit temps, la surface mouillée varie selon la force du vent et l’allure. Le double bouchain imaginé par Tabarly améliore encore cette géométrie dynamique.



Pen Duick II en vidéo

23 mai 1964. Pen Duick II prend un départ prudent. Sous spi, il dépasse rapidement tous les autres concurrents. Ils ne me rattraperont jamais. De nombreux problèmes techniques au cours de la traversée, dont un problème de gouvernail automatique qui obligera Tabarly à ne pratiquement pas quitter la barre. Plusieurs dépressions. Panne de radio - Tabarly aura si souvent des “pannes” de radio… On le croit perdu. Le 8 juin, après 27 jours de mer, Pen Duick II émerge de la brume et arrive à Newport, devançant le second, Chichester, de 3 jours. Tabarly et Pen Duick II entrent dans la légende,... et ce n’est qu’un début. Toute une génération de navigateurs fera ses classes avec Tabarly sur les autres Pen Duick qui naîtront plus tard.


Naviguer “A bord d’Angelina” en baie du Pouliguen pendant les Voiles de Légendes, c’est pouvoir admirer Pen Duick, imaginer Pen Duick II - qui arbore toujours sur sa coque le n°14 de la transat de 1964 - sous spi au départ de Plymouth ou émergeant de la brume à Newport. C'est beaucoup de belles émotions.


Principale référence bibliographique : “Tabarly, une vie” de Yann Quffélec. Très belle écriture, riche pour mieux connaître Tabarly (même si Queffelec, y parle beaucoup de lui-même…)





Commentaires

  1. Merci pour ce récit. Je reviens justement de Lorient où j'ai pu voir Pen Duick VI devant la Cité de la Voile. Sur le quai, une exposition photo retrace les grands moments d'Eric Tabarly. Quelle vie...

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